Notre Enracinement Dualité du système de santé au Cameroun:Comment médecins et « marabouts » cohabitent et s’affrontent au chevet des malades ? Par Modeste Poste octobre 1, 2018 11 min read 0 0 436 Share on Facebook Share on Twitter Share on Google+ Share on Reddit Share on Pinterest Share on Linkedin Share on Tumblr La question est décryptée dans un ouvrage collectif intitulé « Nouveaux » Thérapeutes au Cameroun sous la codirection de Sariette et Paul Batibonak. La densité, la vitalité tout comme l’actualité des productions scientifiques de Professeur Sariette Batibonak sont assez expressives à travers des ouvrages individuels ou collectifs. Mais, aussi ceux réalisés avec Paul Batibonak. C’est en compagnie de ce diplomate chevronné, Ministre plénipotentiaire, qu’elle a codirigé « Nouveaux » Thérapeutes au Cameroun. Cet ouvrage qui expose la dualité, et même le dualisme, du système de santé au pays de Roger Milla, a été publié en décembre 2017 et porte la griffe des Editions Cheikh Anta Diop. Cette compilation d’articles scientifiques établit en 328 pages un diagnostic qui laisse entrevoir entre autres, « le contexte colonial et le musèlement des thérapeutes locaux ». Une triste réalité qui commande chez Sariette et Paul Batibonak, un « plaidoyer pour des thérapeutes marginalisés ». « Cette mise à l’écart est d’autant plus questionnable que la maladie et la guérison ont des significations différentes auprès des populations camerounaises. Pour les plus occidentalisés d’entre elles, la santé est principalement physiologique et mentale », soulignent-ils à la page 22 de cet ouvrage segmenté en une vingtaine de thèmes avec les contributions de divers auteurs en sciences sociales, juridiques et médicales. Refuge dans la spiritualité, une nouvelle stratégie de survie «L’absence d’un encadrement législatif de la médecine dite traditionnelle », tout comme « l’absence d’adhésion des patients et des tradipraticiens à la civilisation des droits de l’homme » font partie des plaies béantes et saignantes de la médecine alternative au Cameroun. Quid des «pasteurs-guérisseurs, « nouveaux » thérapeutes au Cameroun » ? Ils ne sont pas loin d’être classés sur le même registre que les tradipraticiens par les professionnels de la médecine conventionnelle ou par le Ministère de la Santé publique. Mais, à la différence, souligne professeur Sariette Batibonak, qu’ils se démarquent, sur l’espace public et médiatique, grâce à un «discours antisorcellaire » dont les échos et les dérives vont au-delà des scènes ordinaires de communication. Cette présence violente ne manque pas de convaincre quelques adeptes qui, face à la misère plurielle et ambiante, ont fait du refuge dans la spiritualité une nouvelle stratégie de survie. D’où, observe avec une pertinence remarquable, l’anthropologue et méthodologue, « une survivance des consultations plurielles ». Ce qui explique, selon Pr Sariette Batibonak dans « Nouveaux » thérapeutes au Cameroun, que « le champ thérapeutique peut être considéré comme un vaste espace où se rencontrent les différents acteurs, entités et réalités, toutes liées aux pathologies de divers ordres. Médecins, « tradithérapeutes », « tradipraticiens», thérapeutes ou médecins « traditionnels », nganga, féticheurs, « sorciers » et « marabouts » sont des principaux intervenants auprès des patients » (p. 280). Apparier médecine exogène et médecine endogène Faut-il le souligner, après avoir parcouru toutes les pages de cet ouvrage savamment documenté et illustré par des données statistiques, l’on retient que le régime médical de l’Autre est surprotégé de toute part, même au détriment des pourvoyeurs de fonds. À s’en tenir à la thèse de ses auteurs, « un autre est décrié, frappé d’ostracisme et contraint à la clandestinité ». En fait, « apparier médecine exogène et médecine endogène constitue l’ossature de cet ouvrage collectif ». Par une méthodologie pluridisciplinaire et contextualisée, observent des experts en art, « des perspectives locales sont revues à la loupe pour exposer la mise en quarantaine d’une thérapie du « dedans » au profit d’une thérapie du « dehors ». La plupart des agents de la santé militent pour le régime des soins de l’Autre et « complotent » contre leur propre offre, contre l’offre de soins de la « tradithérapie ». Décoloniser les soins de santé, s’atteler à ressusciter « notre » médecine, argumenter pour sa (re)mise en marche, ce fil d’Ariane sous-tend le plaidoyer en faveur de la médecine locale camerounaise ». Une grande diversité de sources Dans ce pays, Afrique en miniature, comme dans le reste du continent, environ 80% de patients sollicitent prioritairement les thérapies locales avant toute autre référent médical. Les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) le démontrent sous le regard passif des intervenants du système de santé. « Bien que méconnu, ignoré, bradé, boycotté, biopiraté, le patrimoine médicinal local, matière première essentielle aux thérapeutes locaux, soutient les élans de pluralisme et de butinage thérapeutique qu’il entretient. Cette œuvre commune questionne ainsi autant l’efficacité du régime de santé « officiel » confiné dans les cadres hospitaliers devenus à quelques égards inhospitaliers, que la « tradithérapie », sommée de relever le défi du saut qualitatif ». Le vocabulaire utilisé par les auteurs de cet ouvrage collectif mêle des concepts techniques et des formules simples, les notions clés sont expliqués, ce qui le rend clair. Ce chef d’œuvre s’adresse autant aux experts des questions de santé, de sciences sociales qu’aux décideurs politiques et au grand public. Il possède également une grande diversité de sujets (une douzaine). Il est complet et traite différents aspects des « nouvelles » thérapies au Cameroun ainsi que de leur évolution au cours du temps et de leurs limites. Enfin, il rend compte du point de vue des nouvelles générations et des minorités sociales à l’instar des pygmées et certaines ethnies du Nord-Cameroun, qui sont souvent des laissés pour compte. Cependant, la faiblesse des illustrations pour un ouvrage traitant d’une question aussi sensible constitue le ventre mou de cet ouvrage. Reste que sa valeur pédagogique et militante interpelle les consciences des Camerounais et des Africains résister à la « colonisation médicale », pour un véritable recours, à défaut d’un retour, aux sources en matière de santé. Surtout si l’on veut avancer sur le chemin de l’Émergence en gardant son identité et ses véritables repères ontologiques. Guy Modeste DZUDIE Contact des auteurs : savoir.dev777@gmail.com
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