Droits Humains Conflits fonciers entre communautés: Deux campements bororos incendiés à Foumbot Par Modeste Poste août 20, 2023 17 min read 0 0 55 Share on Facebook Share on Twitter Share on Google+ Share on Reddit Share on Pinterest Share on Linkedin Share on Tumblr Les affrontements entre agriculteurs et éleveurs se multiplient dansles communes du Noun. A Foumbot deux campements mbororos ontété incendiés. Sans réaction efficace des autorités alors que laConstitution révisée du 18 janvier 1996 prévoit que « l’Etat assure laprotection des minorités et des populations autochtones ».Frère cadet et très influent premier adjoint (« Gbètnyi Fon » enlangue Bamoun) du sultan des Bamouns, Nji Adamou PekassaMbombo Njoya, a convoqué courant mi-aout 2023 quelquesdignitaires coutumiers et traditionnels des villages du départementdu Noun dans l’optique de rappeler les uns et les autres à l’ordre etd’instituer un dialogue pour mettre fin aux affrontementsintercommunautaires liés aux affaires foncières avec pour corollairesdes destructions et des scènes de pillage. Plusieurs personnalitésappelés au palais de Foumban ne s’y sont pas rendus au motif qu’ilssont qualifiés de « chefs de communautés » et non de « chefstraditionnels ». Une différenciation terminologique qui sembletraduire qu’au fil des jours la tension monte dans les localités dudépartement du Noun. Il y a quelques jours, deux campementsoccupés par des Mbororos depuis de nombreuses années ont étéincendiés par des jeunes gens dans l’arrondissement de Foumbot. Lesassaillants clament, publiquement, que les Mbororos n’ont pas dedroits fonciers dans le département du Noun. Jusqu’ici, aucunemesure n’a été prise par les autorités administratives locales pourétablir les responsabilités et réparer le tort. Pourtant, selon la loi,l’Etat a le devoir d’assurer la protection et la sécurité de cette couchevulnérable camerounaise. Surtout que la Constitution révisée du 18janvier 1996 prévoit que « l’Etat assure la protection des minorités etdes populations autochtones ». Au sens du droit international, lesMbororos et les pygmées du Cameroun sont catégorisés« populations autochtones ». Ce qui implique une protectionjuridique « renforcée » étant donné que le gouvernement camerounais a ratifié plusieurs textes internationaux qui servent debases juridiques à la protection des « minorités vulnérables » et des« populations autochtones.»Le silence des autoritésUne situation similaire prévaut depuis quelques semaines dans lesvillages installés sur la Rive Gauche du fleuve Noun. Indignés, lesmembres du collectif des chefs traditionnels de ce espace ne saventplus où se plaindre en cette première décade du mois d’aout 2023.Suite aux violences dont sont victimes depuis des semaines despaysans qui y travaillent, ils ont saisi le commandant de la légion degendarmerie de l’Ouest pour demander que les présumésdélinquants soit recherchés et auditionnés. Mais plus de 21 joursaprès cette plainte, aucun acte de procédure n’a été posé. « C’est unsujet délicat. On ne peut s’y lancer comme ca », laisse entendre unesource proche de la gendarmerie. Egalement informé des actes deviolences qui se répètent sur la rive gauche du Noun, le patron de larégion de l’Ouest ne s’est pas mobilisé pour convoquer lesprotagonistes de cette crise. « Nous avons remis, depuis mi-juillet,aux autorités une liste des présumés agresseurs des paysans. Rien n’aété fait. Les numéros de téléphones des personnes que nous avons vuagresser et piller dans les plantations ont été communiqués à la hautehiérarchie de la gendarmerie. Plus de trois semaines après, aucuneaudition des suspects n’a été menée. Nous sommes tentés de croireque notre droit à la dignité et à l’égalité devant la loi a été bafoué. Onpille , on vole, on agresse et on demande à certains Camerounais derentrer chez eux », se plaint un membre du collectif des chefstraditionnels de la rive gauche du Noun. Reste que certainsoriginaires du département nuancent. « Les actes de quelquesdélinquants ne doivent pas être imputés sur le dos d’unecommunauté. Il faut beaucoup de discernement et de prudencelorsqu’il s’agit de traiter des cas de violences ou de pillages sur la rivegauche du Noun », conseille une source proche du sultanat deFoumban, chef-lieu du département du Noun. Henri Fotso, journaliste à la réputation établie a, le 14/08/202314 août 2023, signéun article publié sur le site d’informations en ligne(https://www.dw.com/fr), un article qui retrace l’inquiétude despopulations Mbororos dans le département du Noun, notamment àDidango, village où ils se sont sédentarisés depuis environ un siècle.« A Didango dans le Noun, dans l’ouest du Cameroun, les surfacescultivables réduisent chaque jour un peu plus les espaces depâturages, ce qui alimente des conflits entre éleveurs et agriculteurs »,écrit-il. Et de poursuivre en situant cette chefferie de 3 e degré peupléeen majorité d’éleveurs Mbororos et noyée en plein cœur du sultanatBamoun, une autre chefferie de Ier degré basée à Foumban et dominéepar des artisans et agriculteurs : « Au milieu des vastes terresvolcaniques du sultanat bamoun, sur les hautes terres de l’Ouest-Cameroun, Didando, un village de 450 hectares est coiffé par un chefde troisième degré. On y trouve des plantations de maïs, de tomates,de haricots, de pommes de terre et autres cultures saisonnières. »Conflits agropastorauxInterrogés par Henri Fotso, Garga Moussa et Njoupou Aminch Abdou,deux cultivateurs, parlent de « la situation critique qui prévaut danscette localité ». « J’ai eu à faire un champ d’un hectare et demi danslequel j’ai mis le haricot et le maïs. Mais les bœufs ont tout dévasté cechamp-là. Je n’ai rien récupéré », dit Garga. »Le bœuf nous gêne. Vousavez vu comment on se bat ici avec la clôture avant de faire un champ.Quand on travaille comme ça, le bœuf vient entrer dans la plantation.Nous qui sommes le bas peuple, on ne peut pas aller devant avec celuiqui a le bœuf-là », explique Njoupou. Les Mbororos constituent unecommunauté d’éleveurs traditionnellement nomades que redoutent cesagriculteurs. Pourtant, souligne le rédacteur dehttps://www.dw.com/fr,de leur côté, les éleveurs s’estiment spoliés de leurs pâturages, selonAdam Saïd, berger mbororo. « En tant qu’éleveur, les difficultés quenous avons ici avec les agriculteurs sont énormes. Actuellement, lesagriculteurs ont envahi l’espace réservé à l’élévage. »Dans les autres localités agro-pastorales du Noun, comme au MontMbapit, à Kouden et à Kouchankap, des agriculteurs sont aussiaccusés d’avoir envahi les zones pastorales, portant régulièrementatteinte à l’intégrité physique des bovins. Il s’ensuit généralement desaffrontements violents entre les membres des deux communautés. Et ces hostilités s’enchaînent depuis des années du fait de l’impunitéconsacrée par les autorités judiciaire et administrative du départementdu Noun. Plus simplement, la Déclaration des nations unies pour lesdroits des peuples autochtones n’est nullement validée par lesautorités administratives locales. L’article 7. 2 de ce texte énonce : « les peuples autochtones ont le droit, à titre collectif, de vivre dans laliberté, la paix et la sécurité en tant que peuples distincts et ne ferontl’objet d’aucun acte de génocide ou autre acte de violence, y compris letransfert forcé d’enfants autochtones d’un groupe à un autre. » Du côtéde la ligue des droits et des libertés, la question de l’impunité setrouve au centre des préoccupations. Et Charlie Tchikanda soutientque ceux qui persécutent les membres de la minorité mbororo oucelles des autres communautés installées dans le département du Noundoivent être recherchés et punis conformément à la loi. D’oùl’exhortation de l’Etat du Cameroun à suivre les orientations dearticle 8.2 du texte Onusien qui déclare que « les états mettent enplace des mécanismes de prévention et de réparation efficaces visant :a) tout acte ayant pour but ou pour effet de priver les autochtones deleur intégrité en tant que peuples distincts ou de leurs valeursculturelles ou leur identité ethnique; b) tout acte ayant pour but oueffet de les déposséder de leurs terres, territoires ou ressources.» La démission de l’EtatAmadou Rouphai est le Chef Mbororo de Didando depuis 2007. Contacté par Henri Fotso, il dit : « Nous nous retrouvons obligés deréduire notre cheptel, ce qui est vraiment insuffisant pour nourrirtoute la nation. C’est pour cela que je demande à l’administrationpublique de revoir ce problème afin que l’élevage perdure dans notrepays .» »Au fil du temps, nous avons peur des affrontements. Si l’Etatne regarde pas cette affaire à la loupe, et dans les délais requis pourque le vivre ensemble perdure, pour que les autres communautéspuissent comprendre que nous ne sommes pas des étrangers, noussommes des Camerounais, nous devrions nous respectermutuellement », accuse ce chef traditionnel. Il plaide pour le respect duprincipe de « l’égalité des citoyens » et pour une « considération » de tous les habitants du Noun » qu’ils soient Bamoun ou pas. Ce discoursest aussi tenu du côté de la rive gauche du Noun où sévissent desaffrontements réguliers entre deux communautés qui discutent desespaces pour l’agriculture. Ces hostilités sont marquées par des scènesde pillage et de destruction des biens. Et la spirale négative semble seprolonger.Guy Modeste DZUDIE(Jade)
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