Notre Enracinement Pr Sariette Batibonak parle de son livre Par Modeste Poste décembre 27, 2018 10 min read 0 0 1,018 Share on Facebook Share on Twitter Share on Google+ Share on Reddit Share on Pinterest Share on Linkedin Share on Tumblr Pr Sariette Batibonak » L’anthropologie s’est façonnée à partir des recherches sur le religieux » Universitaire, elle decortique cette question dans un ouvrage baptisé « Pratqiues antisorcellerie dans les pantecotismes camerounais ». Professeure, vous avez publié récemment chez l’Harmattan un ouvrage qui étale le discours anti-sorcellerie chez les pentecôtismes camerounais. Peut-on avoir une idée de la genèse de ce travail qui colle à l’actualité au Cameroun ? Autour des années 2010, émerge une triple effervescence, religieuse, sorcellaire et médiatique. Ce constat a paru intéressant à anthropologiser. Les religieux pentecôtistes tiennent les rênes de ce foisonnement en mettant en place un arsenal de rencontres de chasse aux sorciers et aux sorcières. Les faits de sorcellerie sont évoqués dans la quasi totalité des univers. Ces phénomènes qui relèvent de l’imaginaire rencontrent un terreau familier camerounais. L’ensorcelé voit la sorcellerie partout. Tout se passe comme si le subconscient collectif sur-utilise la rhétorique de contre-sorcellerie. À en croire les inculpations, les individus se sentent encerclés par les « forces occultes ». Cette étreinte est d’autant plus « dangereuse » qu’elle serait issue du cercle familial, de l’intérieur, supposé être le cadre de l’intimité. Les sorciers sont considérés comme responsables de tous les heurts, malheurs ou de toutes les infortunes. Dans ce contexte, les entrepreneurs religieux se sont donné pour objectif de faire de la spiritual warfare, leur cheval de bataille. À lire votre ouvrage, on a l’impression que les discours anti-sorcellerie amplifiés par des pasteurs deviennent nocifs à la cohésion sociale et systémique, notamment à travers la désagrégation de la cellule familiale. Comment l’expliquer ? Au Cameroun, la parenté constitue la principale source de refuge et de sécurité en cas de difficulté. Paradoxalement, dans le même temps, elle est source de menaces. Ce paradoxe, d’un entre soi familial potentiellement source de danger et cadre de sécurité ou espace d’expression de toutes les formes de solidarité du tissu social, est remis en cause par la sorcellerie intrafamiliale brandie par les pentecôtismes orientés vers la délivrance. Suivant la rhétorique anti-sorcellaire entretenue par certains religieux, l’ambivalence et la fluidité des phénomènes occultes semblent se dessiner de plusieurs manières dans ce paradoxe de la parenté. Les interprétations sorcellaires mettent en exergue la menace des forces occultes. Un proche, un parent est presque toujours à l’origine des malheurs. Il est intéressant de revisiter cette question à cause du glissement de ces accusations de la sphère privée vers la sphère publique relayées par les médias. Au-delà des discours, les pasteurs « délivreurs » maintiennent les fidèles en opérant, témoigne-t-on, des miracles visibles et palpables. Vous semblez occulter cet aspect des choses dans votre ouvrage… Effectivement, les « délivreurs » et les fidèles déclarent les miracles dans leurs discours. Dans ces réunions de combat spirituel, les « temps de témoignage » sont de mise. Témoigner représente une forme d’aguichage. Attirer par tous les moyens, tel est l’un des moyens pour « faire vivre » la chapelle. Observer les miracles relève-t-il du scientifique ? Comment les décrire ? Comment les rendre compréhensible ? Les approches socio-anthropologiques mobilisent essentiellement l’observation participante sans s’attarder sur les vérifications. Notre posture analytique a donc privilégié les descriptions ethnographiques. Miracles, témoignages, guérisons, délivrances sont clamés dans les rituels pentecôtistes pour exhiber la toute-puissance de leur divinité. Si les « délivreurs » parviennent à des « résultats », cela signifie que les rituels « fonctionnent », les fidèles y trouvent leur compte. Selon votre analyse, le discours anti-sorcellerie n’est pas une rhétorique nouvelle et n’est point l’apanage exclusif des prédicateurs pentecôtistes. Comment percevez actuellement le déploiement des autres acteurs sociaux auteurs également des discours anti-sorcellerie ? On entend par effervescence une mobilisation périodique des acteurs sociaux autour d’une question, d’un débat se manifestant par des comportements collectifs caractéristiques. C’est dans ce sens que nous mobilisons l’expression « effervescence sorcellaire ». Dans la période précoloniale, et remontant à un passé récent, les représentants du religieux, les prophètes, les « nganga », organisaient des sessions de chasse aux sorciers et aux sorcières en parcourant des contrées pour délivrer les populations du mauvais sort et en accusant publiquement les présumés coupables. De nos jours, certains pasteurs pentecôtistes et des guérisseurs « traditionnels » prolongent cette lutte de contre-sorcellerie. Ce continuum de la pensée dite ancestrale s’observe de nos jours à travers les nouveaux prophètes guérisseurs de différents univers religieux. Vous êtes anthropologue, méthodologue spécialiste des pentecôtismes africains. Comment expliquer cette focalisation sur le religieux ? Une partie importante de l’archéologie des sciences de l’homme, du social révèle que l’anthropologie s’est façonnée à partir des recherches sur le religieux. Comprendre le religieux s’érige en grille de lecture pour des visions évolutionnistes de l’humanité. Les études sur le religieux accrochent. La rédaction en moins de 5 ans de plus d’une cinquantaine de communications, papiers, chapitres d’ouvrages, articles, ouvrages individuels, et ouvrages collectifs sur la thématique le démontre à suffisance. Outre la corrélation entre pentecôtismes et sorcellerie, nous étudions aussi l’arsenal médiatique de cette religiosité. Les autres axes de recherche gravitent autour du genre, de la santé, du développement local, de l’entrepreneuriat, de la modernité africaine et de la médialité. Guy Modeste DZUDIE
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